Terrain de tennis Yan Mathieu
Yan Mathieu, une raquette au coeur d'or
La joie de la victoire fait briller les yeux de Yan Mathieu à sa sortie du court de tennis. Les tempes humides et les joues rosées par l'effort, il s'empresse d'aller partager sa joie avec une amie qui a assisté à sa victoire en deux manches de 6-1 et 6-2, lors de la finale consolation de la 19e Classique intérieure de Windsor.
Après un bref moment de réjouissance, Mathieu accepte volontiers de se confier en indiquant à son tourmenteur qu'il peut s'asseoir dans un fauteuil roulant libre près de lui.
Le regard calme et serein du jeune homme de 24 ans est empreint d'une profondeur qui trahi sa maturité. Ses réponses sont claires, posées, et il tente de mettre à l'aise ceux qui ont de maladroites attentions à son endroit.
''Ça fait trois ans que je joue au tennis en fauteuil roulant de façon compétitive, affirme Mathieu. Mon rêve est de participer aux Jeux paralympiques de 2004 à Athènes. Mes chances sont bonnes, je progresse et je suis l'un des plus jeunes joueurs du circuit'', souligne celui qui évolue avec des joueurs dont la moyenne d'âge avoisine les trente ans.
Malgré son jeune âge, l'athlète originaire de Nicolet n'en a pas moins quelques opinions bien senties. ''Les médias s'intéressent peu à notre sport'', lance Mathieu en traçant un parallèle entre le sport amateur et le sport paralympique. Il croit que jumeler un tournoi de tennis en fauteuil roulant à un événement d'envergure offrirait une vitrine de choix à son sport. ''Je sais que des pourparlers sont déjà en cours pour insérer un tournoi de tennis en fauteuil roulant de fort calibre aux Internationaux du Canada. Mais il y a encore du chemin à faire'', continue-t-il.
Plus qu'un sport
Il avait 18 ans lorsqu'un accident de la route l'a privé de l'usage de ses deux jambes. ''Ma mère, mon père et mes chums m'ont beaucoup supporté. Ma mère m'a accompagné à l'hôpital tout au long de mon séjour'', raconte Mathieu en plongeant dans ses souvenirs. L'importance de la présence maternelle se lit sur son visage et dans l'émotion légèrement perceptible dans sa voix.
''Ce n'est pas facile de se remettre d'un accident comme ça. Mais il faut se garder occupé'', souligne Mathieu qui a amorcé une carrière en tennis au contact d'amis qui se retrouvaient dans la même situation que lui. ''L'important c'est de garder des rêves à réaliser, des objectifs à atteindre'', conseille le jeune homme à ceux qui vivent de dures épreuves comme celles qu'il a dû surmonter.
Tout en adoptant une approche compétitive du tennis paralympique, Mathieu conserve une vision plus étendue de son sport. Selon lui, l'importance du tennis en fauteuil roulant dépasse celle de la victoire ou de la défaite. Il revêt également un caractère d'intégration sociale et d'épanouissement personnel.
Cette philosophie humaniste constitue peut-être la cause d'une lacune avouée de son jeu, qu'il désire toutefois améliorer: ''Je dois être plus agressif, je dois pousser mon adversaire dans ses derniers retranchements pour le forcer à commettre des erreurs et en prendre avantage'', confie-t-il.
Cet esprit compétitif ne tient toutefois pas très longtemps. L'entrevue terminée, Mathieu se tourne vers une joueuse débutante qui tenait à le saluer avant de mettre les voiles. ''Ne t'en fais pas'', rassure le Nicolétain à l'intention de la femme qui s'inquiétait de ses contre-performances. ''Je me décourageais aussi au début. Mais tu vas voir, on s'améliore rapidement. Je suis sûr que tu vas devenir bonne ...''
Yanick Cyr
Radio-Canada Sports